vendredi 4 mai 2007

le moindre mal

Les inquiétudes et les peurs suscitées par l’éventuelle élection de Sarkozy à la présidence de la République ne sont pas sans fortement me rappeler les angoisses et les peurs qu’avait suscité l’élection de François Mitterrand en mai 1981. Je me souviens que les bonnes sœurs de l’école privée de ma nièce faisaient prier les enfants pour que "Mitterrand ne soit pas élu", bien des gens prédisaient "les chars russes dans Paris", la nounou de ma nièce, une brave femme qui avait amassé, avec son mari, à force d’économies un tout petit capital, disait "ils ne vont pas tout nous prendre, hein ? ils ne vont pas prendre notre petite maison, n’est-ce pas ?", plusieurs célébrités de la droite avaient dit qu’elles s’exileraient si par malheur le candidat de la gauche gagnait. Ces jours là, la peur était de droite, aujourd’hui l’angoisse est de gauche mais je la crois tout aussi injustifiée, les peuples ont la mémoire courte. Non je ne crois pas que l’élection de Sarkozy mettra la France à feu et à sang, pas plus que je ne crois que Sarkozy soit un dictateur en puissance.

Mais je peux me tromper.

Car je crains le populisme réactionnaire de Sarkozy, son anti-élitisme, ses grandes simplifications (comme si les choses au fond n’étaient pas complexes et les solutions énergiques et simples ne demandaient qu’à être appliquées pour réussir), ses opinions eugénistes, ses accointances avec les hommes de pouvoir et d'argent, son absence de scrupules, son ego démesuré, sa tendance à la brutalité. Je ne pense pas qu'on puisse changer la mentalité bordélique, incivique et ronchonne des Français et en faire ce qu'ils ne sont pas par la simple volonté.

D'un autre coté je ne peux pas souffrir Royal, elle m'exaspère, je la crois incompétente pour diriger le pays, elle n'a absolument pas l'envergure d'un chef d'état, je trouve que son projet n'est pas de nature à redresser le pays, je crains son autoritarisme et son imprévisibilité. Je pense que son élection signifiera toujours plus de stagnation, d'assistanat, de solutions pis-aller qui ne fâcherons personne mais qui ne résoudront rien.

Mais voilà, la démocratie ne consiste pas à se défiler devant l'urne. J'ai longtemps envisagé de voter blanc, mais je suis sûr que je le regretterai. Entre deux maux il faut choisir le moindre.

Et le moindre mal est, à mon avis, Royal.